Digital Learning : quelles tendances en 2018

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J’ai eu la chance de participer au Salon Solutions qui rassemblait fin mars dernier à Porte de Versailles un ensemble d’acteurs issus du monde des RH, de la formation (digital learning, serious game,…), de la documentation (knowledge management, veille, …) et du collaboratif (intranet, réseaux sociaux d’entreprise,…). Entre les échanges passionnants avec les prospects et les partenaires sur le stand d’Arctus, j’ai pu assister à la conférence d’ouverture sur le digital learning, présentée par Michel Diaz, directeur associé de Féfaur, un leader européen du conseil indépendant en stratégie Digital Learning et gestion des talents. Keynotes de synthèse.

A l’échelle de la transformation digitale, la digitalisation de la formation n’est pas en reste : accélération des temps de formations, généralisation du digital learning, évolution des attentes des apprenants… Comme le reste des organisations, les équipes formation voient leurs métiers en profonde mutation avec le numérique. Partant de ce constat, Michel Diaz invite les responsables de formation à ne « pas rester timides » face au digital learning et à s’appuyer sur ce qu’ils savent faire : concevoir, organiser, animer des formations, pour lesquelles le digital learning est un nouveau moyen.

Michel Diaz, directeur associé de Féfaur, au salon Solutions RH et digital Learning 2018

Ainsi, 46,8% des entreprises utilisent le e-learning selon le dernier baromètre ANDRH Féfaur. Parmi les tendances les plus marquantes, il cite les formats pédagogiques de plus en plus courts, s’appuyant de plus en plus sur la vidéo, et cohérents avec la recrudescence des usages mobiles, auxquels s’ajoutent les quiz et autres auto-tests de connaissances, voire pour les plus avancés, des contenus en réalité augmenté ou en réalité virtuelle. On est bien loin du e-learning des années 2000 avec son avatar qui vous invitait pendant 2h à ingurgiter des notions théoriques. Le blended-learning, assemblage de contenus pédagogiques en présentiel et en distanciel, est, selon Michel Diaz, resté assez stable : il se compose toujours pour partie de « self-learning », permettant à l’apprenant de consommer des ressources pédagogiques en ligne à la carte, de modules classiques en présentiel avec un substrat de tutorat.
Une autre tendance marquante du digital learning, concerne les services de la formation : non seulement les ressources pédagogiques et l’animation de la formation ont été digitalisés, mais également les autres services de la formation traditionnelle : de la gestion administrative des apprenants (inscription, convocation, certification, …), à l'évaluation de la formation.
Les services formations ont ainsi dû prendre en compte, ce que Michel Diaz appelle « l'apprenant moderne » : un apprenant plus exigent, plus mobile, moins « patient ». Les plus jeunes sont également plus sensibles à la qualité de la formation et au développement de leurs talents : la formation peut ainsi contribuer à la fidélisation des salariés. Michel Diaz encourage même la notion de « marque formateur » à l’instar de la fameuse marque employeur.
En témoigne également l’évolution des plateformes LMS (Learning Management System) depuis 20 ans : construites sur le mode d'organisation de la formation, de façon top down et administratives, elles ne prenaient pas en compte l'expérience utilisateur. Avec l’arrivée du Cloud, elles proposent désormais abonnements, design soigné, souplesse... et s’interfacent parfois avec les solutions de gestion des talents pour une approche intégrée de la formation et du développement des RH.
En effet, selon Michel Diaz, la formation nourrit tous les processus RH : à la fois clé du onboarding -l’intégration des nouveaux collaborateurs-, elle est aussi clé de la performance des collaborateurs tout au long de leur carrière (plan individuel de développement), et clé dans la GPEC (plan de succession, plan collectif de formation, ...). Le paysage se complexifie du côté des plateformes avec l’émergence de plateformes dédiées au mobile learning.

De la nécessaire évolution du rôle des responsables formation

Le phénomène du Big data fait également son entrée dans le domaine de la formation selon Michel Diaz qui prône des plate-formes "Netflix like" où les apprenants pourront venir puiser parmi des ressources en quantité sur des portails de formation, capables de proposer des recommandations selon le profil des apprenants. Le problème pour passer de cette fiction à la réalité, tient au positionnement des responsables formation, qui parfois apparaissent comme des goulets d'étranglement des contenus : certes ils peuvent s’appuyer sur des contenus sur étagère pour nourrir de telles plateformes, mais, selon Michel Diaz, ils sont rapidement limités pour la production de contenus de formation métiers qui coûtent cher à externaliser et, pour lesquels ils ne disposent pas la compétence, plus technique, pour concevoir la formation.
Selon Michel Diaz, les responsables formation auront un rôle de curateur demain : leur enjeu consiste à développer leur propre capacité à identifier les ressources externes gratuites online et de sélectionner celles qui sont susceptibles de répondre aux besoins, ou encore, sur les outils internes, de capturer les vidéos sur des gestes métier par exemple et leur donner une valeur pédagogique. Ils doivent ainsi devenir plus autonome dans la publication de contenus mais également garants de la valeur pédagogique du contenu mis à disposition.
Enfin, toujours dans une approche de business partner, les responsables formation doivent aider les métiers à développer leur performance opérationnelle après la formation : faire le croisement des données entre les outils métier (par exemple le CRM) et la LMS pour vérifier si un investissement en formation a porté ses fruits.
Pour Michel Diaz, les acteurs de la formation ont un rôle clé dans la transformation digitale de l’organisation : former les salariés grâce au digital learning contribue à transformer l’organisation, en les aidant à se projeter dans les impacts du numérique sur leur propre métier.

Les clés pour optimiser le digital learning

L’accélération liée au digital dans la formation se mesure grâce à plusieurs indicateurs, et notamment la durée moyenne de stage qui baisse. Deux autres indicateurs sont particulièrement intéressants à observer et surtout à améliorer selon Michel Diaz :
- Le « time to learn » correspondant au temps qui s’écoule entre une demande de formation et la réalisation effective de cette action de formation : il est de plus de 3 mois en moyenne dans les entreprise ! Michel Diaz invite les responsables de la formation à faire un travail de « training process reengineering » sur l’ensemble du processus de conception/réalisation de la formation pourvoir où il est possible de gagner du temps
- Le « time to transfer » est également un autre indicateur pour mesurer l’efficacité de la formation et en particulier sa mise en application dans la réalité terrain du collaborateur : Michel Diaz encourage ainsi une formation « speed to business ».
Michel Diaz constate également que dans la grande majorité des entreprises qui ont adopté des LMS, on est loin d'avoir une majorité d'utilisateurs connectés à la plateforme (alors que les business model des éditeurs de solution LMS s’appuient sur le nombre d’utilisateurs connectés, le potentiel de ce marché est encore très important !)

Michel Diaz présente le Hype Cycle du digital learning

Il encourage donc les directions de la formation à regarder leurs outils de formation sous l’angle du Hype Cycle, considérant que le digital learning n’échappe pas à la courbe d’adoption classique, et que cette analyse peut permettre d’adapter son dispositif e-learning selon les phases d’enthousiasme, de déception, ou de productivité, des différents outils. L’objectif pour les directions de la formation est de généraliser le digital learning, pour optimiser la façon dont la formation est délivrée : plus de classes virtuelles, plus de ressources pédagogiques variées disponibles, plus d’utilisateurs connectés sur la LMS, moins de temps en présentiel, … afin d’éviter ce que Michel Diaz appelle le « scrap learning » : de la formation non utilisée qui a un coût et représente une perte pour l’entreprise.
La généralisation est une preuve de la réussite du digital learning mais c'est aussi une levier de réussite de la transformation digitale de l’entreprise : la digitalisation de la formation encourage les effets de réseaux, d'échanges entre les collaborateurs, d'apprentissage informel, ... qui contribuent au développement d’une culture plus collaborative.

Fan de MOOC et de digital learning, ayant contribué à la conception et à l’animation du MOOC Travail collaboratif, je consomme des formations en ligne sans modération ! Je commence cette semaine le MOOC Manager augmenté avec l’IA sur la plateforme FUN, et j’aurai l’occasion de vous en parler prochainement 😉

Ressources complémentaires pour compléter votre info sur le sujet :

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