J'ai eu la chance fin octobre dernier de participer à l'exposition immersive de l'APEC, avec quelques adhérents de l'association Innov'Acteurs. Cette exposition intitulée "Travailler demain : quels futurs se dessinent ?" est le fruit d’un travail de veille et de prospective mené depuis 2020 par l’APEC, sur la place du travail dans la société et sur les tendances d’évolution à horizon 2030. Au total près de 600 ressources ont été étudiées ! Elle présente 15 tendances majeures, toutes interconnectées, organisées autour de 4 grands chocs. En voici un bref résumé et une sketchnote
- Le choc démographique d’abord : quelques clés pour le comprendre. D’abord, la France vieillit, la natalité recule, et en 2030, la population âgée de 75 à 84 ans aura augmentée de 50% par rapport à 2020, tandis que les 20-64 ans seront de moins en moins nombreux. Cela veut dire moins de population active, moins de talents disponibles. Mais aussi des besoins forts dans certains secteurs d’activité de services, de soins pour prendre en compte les besoins d’une population vieillissante. En 2030, 1 actif sur 5 ans aura plus de 55 ans : les carrières s’allongent, quel impact cela aura-il pour la dynamique et la productivité dans l’entreprise ? quels enjeux cela représente-t-il pour la formation aussi sachant qu'aujourd’hui seuls 12% des +50 ans bénéficient de formations…
- Le choc technologique ensuite : après la révolution numérique, le web 2.0 et les smartphones, c’est l’IA, la robotisation qui sont aujourd’hui au cœur de toutes les préoccupations, avec des nouvelles applications tous les jours, un marché qui représente des milliards d’euros, (à titre d'exemple, les GAFAM ont un chiffre d'affaires qui représente le PIB du Brésil…!) et des questions pour le travail : la robotisation et l’IA vont-elle amener une réduction de l'intensité du travail et une réorientation du travail sur des tâches à plus forte valeur humaine ajoutée ? ou au contraire une pression accrue à la productivité et une précarisation du travail, l'automatisation de certaines tâches vidant le travail de son sens, ou encore menaçant des emplois ? Aujourd’hui cette menace pèse d'ailleurs davantage sur les cols blancs mais aussi sur les femmes qui occupent davantage de postes administratifs dont les tâches pourront être automatisées… Evidemment se posent des questions majeures de confidentialité, d’éthique, de protection des données personnelles et industrielles, d’égalité d’accès aux technologies, … et aussi de compétences : on manque aujourd’hui en France de 15 000 ingénieurs en cyber sécurité. Mais c’est aussi l’évolution des compétences de tous les salariés qui en en jeu …
- Le choc climatique : les aléas climatiques vont impliquer là aussi de vraies questions : on a déjà dans les entreprises de plus en plus de collaborateurs très sensibles aux sujets de l’environnement « les écotaffeurs », qui font de la RSE un sujet de marque employeur et d'attractivité en tant que tel, comme un levier d’engagement. Les usages numériques nécessaires au travail sont aussi problématiques, ils ont un cout pour l'environnement… Ils sont à la fois la solution (pour produire plus et plus vite, demain avec la robotisation pour avoir de la main d’œuvre) mais le problème… A terme, les prospectivistes envisagent une tendance à la polarisation des populations entre les cols secs (qui travaillent dans un environnement climatisé) et les cols humides (dont l'activité professionnelle quotidienne est soumise aux aléas climatiques) ...
- Enfin le dernier choc, c’est la transformation du travail lui-même : la place qu’il occupe dans la vie n'est plus la même depuis quelques années. Dans les années 90%, les jeunes étaient 60% à accorder à leur travail une place prépondérante, aujourd’hui ils sont à peine plus de 20%. On voit émerger des valeurs fortes autour de l’autonomie, de la liberté, de l’individualisme. Des valeurs qui encouragent de plus en plus de personnes à se détourner du CDI pour aller vers le travail indépendant : fin 2022, les Urssaf recensaient 4,3 millions de comptes de travailleurs indépendants.
La transformation du travail, c’est évidemment le microworking, le fait de travailler tout le temps de n’importe où, de répondre à ses mails professionnels dans le bus, chez le medecin, etc. avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur la surcharge cognitive et les risques psychosociaux. C’est aussi le télétravail pour un salarié sur 3 pour 2 à 3 jours en moyenne … Devenu un acquis social pour les salariés, un levier d'attractivité et de marque employeur, il pose aussi des questions autour de l’enjeu de recréer du collectif, de ré-enchanter le travail ?
Cette sketchnote vous a plu ? Vous aimeriez utiliser des sketchnotes pour votre communication ou vos supports de formation ? N'hésitez pas à me contacter :)
Je ne saurai que vous encouragez à visiter cette exposition dans les locaux de l'APEC, disponible jusque fin novembre 2024 et de retour en janvier 2025. Pour toute question, contactez directement Isabelle Gire, responsable Prospective de l'APEC et à l'origine de l'exposition.
par Gaëlle Roudaut