[Event] OhHappyBreizh : vous reprendrez bien un peu de bienveillance...

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Le 22 novembre dernier, j’étais invitée à venir sketchnoter une journée pas tout à fait comme les autres : le premier colloque en France consacré à la bienveillance. Dans le magnifique couvent des Jacobins à Rennes, avec plus de 500 visiteurs, des intervenants prestigieux pour pas moins de 24 conférences, OhHappyBreizh était sans conteste l’événement à ne pas rater à Rennes ce jour-là ! Installée parmi les VIP dans les premiers rangs, j’ai eu tout le loisir de sketchnoter les interventions des speakers et quelques ateliers.

logo Oh Happy Breizh

A l’heure des nouvelles technologies, où notre attention est sans cesse captée par les notifications de nos smartphones, où l’intelligence artificielle grignote du terrain dans tous les pans de notre vie, les compétences comportementales, les qualités humaines revêtent une importance sans précédent… Laisser s’échapper la cocotte de nos émotions, donner du sens à nos actions au quotidien dans la société comme dans nos entreprises, commencer par être à l’écoute de soi, selon Jean-Ange Lallican, organisateur de cette journée, la bienveillance, c’est « l’investissement du 21e siècle, et comme on dit en Bretagne, c’est garanti pur beurre ! » Pour autant les Bisounours n’ont pas le droit de cité !

Sketchnote ouverture OhHappyBreizh - Gaëlle Roudaut

Des dauphins et des Iroquois...

Premier intervenant sur la scène, Michel Hervé, PDG du groupe Hervé, a commencé par nous rappeler que nous avons désormais besoin, non plus seulement de cols blancs et de cols bleus, mais aussi de cols rouges : comme l’industrialisation a libéré les enfants du travail et a permis d’encourager l’éducation, la robotisation et l’automatisation avec laquelle nous allons devoir cohabiter doivent favoriser chez nous l’émotion et à l’intuition. La croissance qui se réduit aujourd'hui bien souvent au PIB, peut aussi se mesurer au PRB, le produit de rareté brut, autrement notre capacité à créer du lien avec autrui, clients, collègues, mais également au PFB, le partage-fraternité-bienveillance, c’est-à-dire notre capacité à apporter à un don, un contre-don… C’est ce qui selon Michel Hervé permet de passer du « bon-heür », éthymologiquement bonne croissance, au Bonheur ! Mais il reconnaît que notre éducation n’a pas encouragé chez nous notre capacité à poser des questions, à faire des erreurs, mais au contraire, a développé notre esprit de compétition et de domination. Pourtant, selon Michel Hervé, ce sont ces capacités, d’être notre propre entrepreneur, de développer notre singularité tout en allant vers les autres qui est au cœur de la création de valeur : il nous invite à être non pas des requins ni des moutons, mais des dauphins, naturellement bienveillants et à l’écoute de nous-mêmes et des autres. Sur le modèle des iroquois pour garder la paix entre les tribus, il a ainsi déployé dans son entreprise un réseau de 600 ambassadeurs de la bienveillance, qui comme lorsqu’on introduit un expert dans un groupe, vont encourager les échanges et les confrontations dans ce groupe, nécessaires au développement de la confiance et de la fraternité.

Sketchnote conférence Michel Hervé - par Gaëlle Roudaut

Gentils... mais pas cons !

C’est le titre de l’ouvrage de Franck Martin venu nous apporter son éclairage sur la bienveillance. Si le mot gentil est souvent perçu comme un qualificatif péjoratif et empreint de niaiserie, ce n’est surement pas la vision de Franck Martin, pour lequel la percée des Chief Happiness Officer, du label Great Place to Work ou encore des formations à la bienveillance pour les managers, n’est pas une mode, mais une tendance de fond de nos entreprises à la recherche de plus de congruence et d’authenticité dans les relations. Alors comment ne pas tomber dans la gadgétisation et le marketing de la bienveillance ? Il nous rappelle les apports de l’école de Palo Alto et de Paul Watzlawick selon lequel la relation est plus importante que le contenu ! Dans notre société, les entreprises doivent rechercher l’alignement sur des valeurs essentielles entre le discours publicitaire, le vécu par les collaborateurs (et notamment en relation client) et les échanges de la marque sur les réseaux sociaux. Et cet alignement passe par de la bienveillance, du respect, de l’humilité (qui peut très bien s’appuyer sur l’humour) et du don de soi (don de son temps, disponibilité, gratuité des gestes envers les autres). En entreprise, au quotidien, il s’agit selon Franck Martin, que chacun considère son prochain comme une personne à part entière, et pas seulement comme la fonction qu’il incarne. Et ce cadre bienveillant pourra se construire, à plusieurs, et se faire respecter par les mêmes qui l’ont construit, en l’adaptant bien sûr, à ce qui marche ou ne marche pas … Franck Martin nous rappelle quelques figures de la bienveillance : Mandela, Ghandi, l’Abbé Pierre, pour lesquels le don de soi, le respect de l’autre n’allaient pas sans une certaine détermination ! Car qui veut appliquer la bienveillance dans son management ou dans son éducation devra sans doute essuyer quelques critiques et tenir bon, justifier de ses résultats pour construire sa crédibilité avant de pouvoir commencer à influencer le système de son rayonnement bienveillant !

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Méditons sur la bienveillance...

Le témoignage d’Hermes Garanger, lama à seulement 19 ans, méditante et femme de médias, est sans doute celui qui a le plus marqué cette journée. Au travers de son histoire d’enfant, qui a grandi dans un monastère bouddhiste au cœur de la Bourgogne, de sa retraite au Tibet à l’âge de 15 ans, elle nous a expliqué en quoi le fait de méditer chaque jour permet de mieux prendre conscience de soi, de développer sa persévérance, sa détermination, sa patience ou encore sa créativité… Pas difficile à croire quand on sait qu’elle a passé plus de 3 ans au Tibet à méditer 14h par jour tous les jours et à dormir assise dans une pièce de 9m² ! Il existe plusieurs milliers de pratiques différentes de la bienveillance en méditation. Sollicitée par l’INSERM pour réaliser des études cliniques, elle a montré que la pratique de la bienveillance par la méditation modifie la perception de la douleur. Elle nous apprend ainsi que cette pratique lui permet de « surfer sur les épreuves de la vie, de remonter sur la planche » après des coups durs : Hermes Garanger fait la différence entre l’empathie qui entraine chez la personne d’éponger et de porter les souffrances de l’autre avec un risque pour soi, et la bienveillance, qui selon elle, s’apparente à la compassion et s’accompagne d’un don à l’autre. La bienveillance commence par soi-même, avant d’aller vers les autres et vers le monde : elle se traduit par la cohérence entre les actes, les pensées et les paroles. Se respecter, respecter les autres, respecter le monde, faire son maximum chaque jour et se demander comment faire encore un peu plus … tout un programme !

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Bienveillance²=performance

Selon Jean-Ange Lallican et sa comparse Caroline Ruillier, co-auteur d’un ouvrage à paraître sur la thématique du management bienveillant, la bienveillance n’est surement pas un effet de mode car la Management Academy travaillait déjà sur le sujet il y a plus de 10 ans, n’en déplaise aux DRH qui s’y intéressent aujourd’hui, dans leur quête de nouveaux outils pour lutter contre le désengagement dans l’entreprise. Fort des interviews de plusieurs patrons d’entreprise et managers, ils mettent en avant un nouveau PACTE managérial, fait de postures, d’attitudes et de comportements qu’ils nous invitent à adopter avec nos collègues pour plus de bienveillance mais aussi de performance dans l’entreprise. Etre positif dans ses feed-back (comme vis-à-vis de soi-même), être alignés entre ses actes-pensées-paroles, responsabiliser, (s’)accorder le droit à l’erreur, distribuer de la reconnaissance, écouter de façon attentive, donner le pouvoir de réussir, croire en son égo (au sens positif du terme) ou encore refaire de la place à l’émotion… autant de façons d’agir, de réagir qu’ils nous incitent à adopter pour aider la confiance et faire de la bienveillance un démultiplicateur de performance !

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Je n’ai malheureusement pas pu profiter de la dernière conférence de Jacques Fradin sur les neurosciences et l’heure du retour avait sonné pour la maman parisienne que je suis, quand mon fil Twitter retentissait encore au son de la chorale Oh Happy Breizh. Un moment d’émotions pour clôturer la journée, qui a également marqué le lancement de France Solidaire et Bienveillante, un mouvement associatif pour aider à construire, améliorer, vitaliser la bienveillance dans les entreprises.
Vivement la prochaine édition de ce colloque, où qu'il soit organisé : ce sera forcément un happy day ! 😉

Sketchnote de fin - Oh Happy Breizh - par Gaëlle Roudaut